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Maurizio Seracini (Great Masters Art Authentification LLC) :

DE L’ART A LA SCIENCE

MAURIZIO SERACINI, RESPONSABLE SCIENTIFIQUE À « GREAT MASTERS ART AUTHENTIFICATION LLC » ESTIME QUE LES HISTORIENS ET LES INVESTISSEURS PEUVENT ÊTRE FACILEMENT TROMPÉS. IL VEUT CHANGER CELA. INTERVIEW.

COMMENT LA SCIENCE PEUT-ELLE AIDER LES INVESTISSEURS ?

Aujourd’hui, le marché de l’Art fonde la plupart des transactions sur l’expertise d’un historien d’art, expertise juridiquement non contraignante ! Les historiens travaillent souvent sur photos et
c’est irrationnel ! Parfois, ils veulent voir l’œuvre originale, mais ils peuvent seulement examiner une œuvre dégradée et abîmée par le temps. Ils étudient aussi l’origine – souvent une vague description

du tableau – en lisant des documents d’époque. Mais honnêtement, la photographie date de seulement 175 ans ! Tant d’argent est en jeu que les faussaires doués peuvent facilement peindre une copie ou faire un faux document et le vieillir ! Je l’ai constaté à maintes reprises : les historiens peuvent être facilement trompés. En cas de problème, tous ceux qui ont un intérêt – les salles des ventes aux enchères, les galeries, les experts – s’accordent pour dire :

« c’est une exception ». Mais après avoir expertisé près de 4000 œuvres d’art, j’affirme que le marché compte de nombreux faux. Après 40 ans d’activités, je trouve incroyable que les marchands d’art soient si aveugles. Très sérieux dans leurs activités, ils consentent à investir des millions en matière d’art sur l’avis d’un seul expert. L’historien d’art dit « c’est un Caravage ». Mais si nous découvrons plus tard que c’est un faux, l’investisseur est démuni.

COMMENT LES CHOSES POURRAIENT-ELLES CHANGER ?

Actuellement, la décision revient au conservateur et au restaurateur. Lorsqu’ils ressentent la nécessité d’appeler un expert, tant mieux, autrement
ils se contentent de coordonner les travaux de restauration. Lorsque que vous admirez une peinture aujourd’hui, vous voyez une interprétation du restaurateur ! Personne ne vérifie le travail réalisé. Nous ne sommes pas au bloc opératoire où tout
est enregistré et examiné. C’est insensé et je compare cela à pratiquer un lifting sur une vieille dame de 

100 ans : en réalité, un bon médecin fait de son mieux pour la garder en vie le plus longtemps possible. Pour cela, il a besoin d’une approche globale pour tout connaître : anatomie, antécédents... Le restaurateur a aussi besoin de ralentir le processus de dégradation dû à la lumière, à l’air, la pollution et les touristes. Malheureusement, aujourd’hui, la plupart des restaurations faites consistent à simplement nettoyer l’œuvre d’art. Selon moi, chaque musée devrait avoir un dossier clinique de chaque tableau décrivant chaque intervention. Cela réduirait considérablement les risques.

« Lorsque vous achetez une œuvre d’art chez Sothebys, il vous revient la charge de la preuve, et non à Sothebys. »

Maurizio Seracini

POURQUOI VENIR AU LUXEMBOURG ?
Lorsque j’ai reçu l’invitation pour ouvrir un laboratoire au Luxembourg, cela a été comme une bouffée d’air frais. Je soutiens pleinement l’idée que le Luxembourg devienne un centre pour les investisseurs désireux d’utiliser les techniques scientifiques dans les transactions d’art. Enfin, quelqu’un veut dissiper la fumée ! J’espère

que le gouvernement luxembourgeois comprendra ce formidable atout en attirant les différents services financiers, d’audit et d’expertise etc... Ce pourrait être une révolution copernicienne pour le monde de l’Art.
Le Luxembourg pourrait mettre en place des règles afin de protéger les investisseurs. Aujourd’hui, les investisseurs saisissent mieux le problème lorsqu’ils essaient de vendre une œuvre. Notre laboratoire sera opérationnel dès que j’aurai finalisé les investissements. C’est une question de mois. Nous n’aurons pas besoin de transporter chaque œuvre au laboratoire. Nos experts seront capables de se rendre sur site dans le monde entier.

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